Le grand blanc by François Joly

Le grand blanc by François Joly

Auteur:François Joly [Joly, François]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 284219098X
Éditeur: Éditions Baleine


— Pas du tout. Comme je viens de vous le dire, je représente un grand industriel pour lequel la personne que je suis censé reconnaître travaillait.

L’autre parut sceptique mais ne lui fit pas l’injure de demander plus d’explications. Les instructions reçues de Madrid devaient être suffisamment fermes. Il n’allait pas jouer un jeu dangereux pour la suite de sa carrière. Il y avait mort d’homme et il fallait que le type en face de lui soit diablement important pour qu’on lui interdise toute question. S’il avait si vite monté en grade c’est que, très tôt, il était compris qu’il faut toujours s’adapter et accepter toutes les magouilles venant de l’échelon supérieur. Curveillé, pour sa part, eut l’impression qu’il le prenait pour un type des services secrets et se dit qu’après tout, on ne prête qu’aux riches. Il valait mieux laisser l’autre dans le doute, d’autant que le Lyonnais n’entendait pas se limiter à la seule reconnaissance d’un cadavre. Il fallait qu’on lui fiche la paix pour la suite.

Ils conversèrent un moment. Curveillé ne connaissait du Pays basque que la côte française et, surtout, les joueurs de rugby qui ont toujours été les pièces incontournables des grandes équipes tricolores. Escaldo Basauri s’était arrêté une fois à Lyon, pour dîner chez Bocuse. Ils trouvèrent ainsi un sujet de conversation jusqu’à ce qu’on leur annonce qu’une voiture était à leur disposition. L’institut médico-légal se tenait dans un bâtiment à côté du cimetière. Là aussi, tout le monde semblait être sur le pied de guerre pour les accueillir. Le Basque présenta au Lyonnais le médecin légiste, un grand malaise jovial qui équilibrait par sa joie de vivre l’aspect sinistre de sa profession.

— Nous avons terminé l’autopsie. Le corps est sur la table d’examen, dans une présentation difficilement supportable pour un profane.

— Il me suffit de le reconnaître, c’est tout.

— Oui, mais j’ai peur que vous ne supportiez pas le spectacle.

— Oh, j’ai fait la guerre.

— La guerre !

— L’Algérie.

— Ah, oui, je ne vous voyais pas courir sur les plages de votre Normandie. J’avais oublié que vous, es Français, avez eu quelques problèmes coloniaux après les nôtres.

Le ton était sympa, sans acrimonie.

— Vous croyez vraiment qu’il faut que j’attende ? demanda Curveillé, permettez-moi d’insister.

— On va le recoudre, lui donner un aspect acceptable. J’ai cru comprendre que ce n’était pas quelqu’un de votre famille, ni un être cher.

— C’est exact. Vous savez, un instant suffira.

Le légiste consulta du regard le Basque qui eut une moue entendue.

— Bien, dit-il, on va vous habiller.

Curveillé eut droit à une blouse blanche, un masque, un bonnet, un pantalon et une paire de bottes de la même couleur. Le médecin lui expliqua que, conséquence du tourisme et du grand nombre de retraités étrangers, la partie frigo était très importante car on devait garder en conserve de nombreux corps avant de les renvoyer vers leurs pays d’origine. Il commenta aussi les nombreuses autopsies obligatoires à la suite d’overdoses, la drogue étant le grand problème des Baléares.

Ils pénétrèrent dans une salle tout en longueur.



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